La Géante
Du temps que la Nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.
J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux;
Deviner si son coeur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux;
Parcourir à loisir ses magnifiques formes;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,
Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.
— Charles Baudelaire
The Giantess
Of old when Nature, in her verve defiant,
Conceived each day some birth of monstrous mien,
I would have lived near some young female giant
Like a voluptuous cat beside a queen;
To see her body flowering with her soul
Freely develop in her mighty games,
And in the mists that through her gaze would roll
Guess that her heart was hatching sombre flames;
To roam her mighty contours as I please,
Ramp on the cliff of her tremendous knees,
And in the solstice, when the suns that kill
Make her stretch out across the land and rest,
To sleep beneath the shadow of her breast
Like a hushed village underneath a hill.
— Roy Campbell, Poems of Baudelaire (New York: Pantheon Books, 1952)
La Géante
Du temps que la Nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.
J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux;
Deviner si son coeur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux;
Parcourir à loisir ses magnifiques formes;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,
Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.
— Charles Baudelaire
The Giantess
Of old when Nature, in her verve defiant,
Conceived each day some birth of monstrous mien,
I would have lived near some young female giant
Like a voluptuous cat beside a queen;
To see her body flowering with her soul
Freely develop in her mighty games,
And in the mists that through her gaze would roll
Guess that her heart was hatching sombre flames;
To roam her mighty contours as I please,
Ramp on the cliff of her tremendous knees,
And in the solstice, when the suns that kill
Make her stretch out across the land and rest,
To sleep beneath the shadow of her breast
Like a hushed village underneath a hill.
— Roy Campbell, Poems of Baudelaire (New York: Pantheon Books, 1952)
Casuistik, Oct 14, 2010 @ 10:47